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Zoonoses et santé animale: l’homme et la bête

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Title Zoonoses et santé animale: l’homme et la bête
 
Creator Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Description Les maladies animales transmissibles à l'homme brisent des vies et ruinent les populations des pays ACP. Les éleveurs ont besoin de plus d'aide pour améliorer les pratiques d’élevage ainsi que les services vétérinaires et sanitaires, afin de contenir cette menace et tirer un meilleur parti des ressources animales.
Hommes et animaux domestiques vivent côte à côte depuis 10 000 ans. Cette symbiose est à coup sûr bénéfique, mais elle n’est pas sans risque. Les animaux sont une source importante de protéines, de produits dérivés et de revenus pour de nombreux ménages, mais ils sont aussi source de maladies, surtout lorsqu’ils voisinent avec les humains et que les pratiques sanitaires et vétérinaires sont déficientes.
La plupart des maladies qui se déclarent dans le monde sont d’origine animale ; presque toutes sont des zoonoses, c'est-à-dire des “maladies qui se transmettent de manière naturelle des animaux vertébrés aux humains”, selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le H5N1, la souche très pathogène du virus de la grippe aviaire qui se propage actuellement en Asie, en Afrique et en Europe, est peut-être l'illustration la plus dramatique des ravages que les zoonoses peuvent causer. Mais, dans les pays ACP, d’autres maladies animales font depuis longtemps d’innombrables victimes.
À ce jour, les scientifiques en ont identifié plus de 200, dont les effets varient grandement – de la mort ou l’invalidité des humains à la diminution de la production animale. Cette dernière, a priori moins tragique, compromet toutefois gravement la sécurité alimentaire de nombreux pays ACP. Certaines zoonoses réduisent le rendement de l’élevage en produits animaux, fumier et force de traction. Quelques-unes, telles la grippe aviaire et l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB ou “maladie de la vache folle”, voir Spore 94), ont des répercussions sur la sécurité sanitaire. Un de ces effets, secondaire mais non négligeable, est la peur des consommateurs, qui va de pair avec des barrières commerciales en cas d’embargo.
Tandis que la grippe aviaire poursuit son avancée, que certains disent inexorable, à travers le monde, les responsables de la santé avertissent que les pratiques locales d’élevage en Afrique pourraient aggraver le risque d’une mutation du virus, qui deviendrait alors transmissible entre humains. En Afrique comme dans d’autres régions ACP, les familles vivent souvent au contact étroit de leurs volailles dans leurs concessions et arrière-cours.

Un virus mortel
Une mutation avec transmission entre humains constituerait un point de non-retour et des millions de vies pourraient être perdues. Il n’existe pour le moment ni remède ni vaccin. À l’heure où nous publions ces lignes, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, l’Égypte, le Niger, le Nigeria et le Soudan ont confirmé la présence du H5N1 et deux décès sont avérés en Égypte. En mars, lors d’une réunion d’urgence au Gabon, un délégué des Nations unies a signalé que le nombre de pays touchés était sans doute supérieur. “Ce sont les seuls pays qui ont osé communiquer leurs résultats, affirme André Ndikuyeze, épidémiologiste à l’OMS. Malheureusement, les autres n’ont pas ce courage.” Frontières perméables, commerce informel florissant de volailles et faibles services vétérinaires sont des facteurs connus de propagation. “Il y a des volailles partout et les services vétérinaires ne sont nulle part”, commente le Dr Bonaventure Mtei, de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
Au Nigeria, les personnels de santé diffusent de l’information sur les risques par des tracts, des réunions et les médias. Mais beaucoup de gens ne croient pas à ces risques et ce scepticisme est un gros problème pour le personnel sanitaire et vétérinaire de certains pays ACP. Dans plusieurs États du Nigeria, les gens s’opposent à l’abattage massif des bêtes, dénonçant un complot des pays du Nord. “Ce sont des histoires, lance Alhaja Sikiratu de Lagos en riant. Lorsque j’étais enfant, j’ai mangé du poulet infecté par le choléra et il ne m'est rien arrivé !”
La FAO préconise une compensation suffisante pour encourager une alerte précoce. Or, les aviculteurs nigérians, payés 1 000 FCFA (1,50 €) par oiseau, se plaignent de n'être payés que pour les bêtes abattues et non pour celles mortes de la maladie. Les effets économiques se font déjà sentir : consommateurs du Sud et du Nord boudent œufs et volailles. Et les experts commerciaux ont prévenu qu’un déversement de volailles de l’UE sur les pays ACP aurait de sérieux effets sur les prix, comme cela a été le cas avec le bœuf après la crise de l’ESB.


Détecter au plus tôt…
Des initiatives pour contenir l’épidémie ont été lancées dans les zones touchées. Les États membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest ont mis en place un réseau d’observation pour la détection rapide des oiseaux malades. “Le personnel sur le terrain alerte le public et rassemble les informations”, précise le Dr Mamadou Kané, directeur de la santé animale au Mali. La Communauté des Caraïbes (CARICOM) élabore un plan stratégique régional pour faire face à la menace du H5N1 qui, selon elle, affectera tôt ou tard la région. En mars, le Secrétariat général de la Communauté Pacifique a lancé le Projet régional de réponse à la pandémie de grippe, qui prévoit notamment la surveillance des animaux.
Mais tandis que les projecteurs sont braqués sur la grippe aviaire, quantité d’autres zoonoses continuent de dévaster la santé et les revenus des humains. Selon les experts, il faut d’urgence prendre des mesures pour enrayer la propagation d’une forme particulièrement virulente de la maladie du sommeil, transmise par Trypanosoma brucei rhodesiense, qui s’est déclarée dans l’est de l’Ouganda. On continue de transporter le bétail infecté vers des marchés éloignés, augmentant les risques d’une épidémie.
Avec un cheptel porcin qui a presque doublé ces trente dernières années en Afrique, on s’inquiète de la récurrence accrue de la neurocysticercose, une maladie parasitaire du système nerveux central transmise par les porcs. Près de 50 000 personnes meurent d’infestation du tænia chaque année, surtout en zone rurale où les pratiques d’élevage du porc sont inadéquates et l’inspection sanitaire est insuffisante.

…et intervenir à temps
Des mesures de contrôle peu coûteuses existent pour plusieurs zoonoses. Mais elles ne sont pas toujours appliquées, car leur financement n'est pas jugé prioritaire. En 1992, la Force internationale d’éradication des maladies concluait déjà à la possibilité d’éradiquer la cysticercose. Autre difficulté, la collecte de données fiables. Les systèmes de veille sont souvent peu standardisés.
Le personnel local en vient à considérer les endémies comme normales ou néglige de faire état d'une éruption apparente de zoonose de peur d’un embargo sur le commerce de bétail.
Au début d’une épidémie, les pays ACP ont besoin d'une assistance technique pour les programmes de diagnostic, de vaccination et d’abattage. Mais l’aide préventive est plus cruciale encore. Une récente conférence en ligne de la FAO déclarait que les urgences sanitaires telles que la grippe aviaire étaient des “échecs de la prévention”. L’augmentation du cheptel observée dans la plupart des pays du Sud doit s’accompagner d’un accès au crédit ainsi que du développement des infrastructures et des services sanitaires et d’élevage. Et surtout, les agriculteurs doivent avoir de l’information. La FAO a créé quatre réseaux régionaux qui donnent des conseils sur les zoonoses par des conférences, des débats et des bulletins d’information en ligne. Le bulletin en ligne du Réseau international pour le développement de l’aviculture familiale diffuse des normes techniques améliorées pour la petite aviculture. Un projet de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour l’épidémiosurveillance des maladies animales en Afrique forme des formateurs via Internet et cédérom.
Entre-temps, le Nigeria calcule le coût pour son aviculture de l’embargo sur l’importation de volailles brusquement décidé par les pays voisins. “Avant, nous avions toujours une foule de clients”, se plaint le propriétaire d’une rôtisserie à Lagos. “Regardez mon restaurant maintenant : il est vide !”


Cinq règles pour le consommateur

1. Aucun oiseau d’élevage atteint de la maladie ne doit entrer dans la chaîne alimentaire.

2. Ne consommez pas de volaille crue, ni de sang et d’œufs crus.

3. Séparez la viande crue des aliments cuits et prêts à consommer pour éviter toute contamination.

4. Veillez à la propreté et lavez-vous les mains.

5. Une bonne cuisson de la volaille détruit le virus. Assurez-vous que la chair est bien cuite jusqu’au centre (à 70 °C ou “bouillante”) et qu’elle n’est plus rose nulle part. Les jaunes d’œuf doivent être bien cuits (pas liquides).

Sources : FAO et OMS
Les maladies animales transmissibles à l'homme brisent des vies et ruinent les populations des pays ACP...
 
Date 2006
2015-03-26T12:16:11Z
2015-03-26T12:16:11Z
 
Type News Item
 
Identifier CTA. 2006. Zoonoses et santé animale: l’homme et la bête. Spore, Spore 123. CTA, Wageningen, The Netherlands
1011-0046
https://hdl.handle.net/10568/63180
https://hdl.handle.net/10568/99643
 
Language fr
 
Relation Spore
 
Rights Open Access
 
Publisher Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Source Spore