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Adapter l`elevage aux ressources disponibles

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Title Adapter l`elevage aux ressources disponibles
 
Creator Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Description Si l'on compare les résultats obtenus au point de vue de l'amélioration des productions végétales et animales dans les pays en voie de développement (PVD), on constate que ceux-ci sont bien meilleurs dans le premier cas que dans le second. -Pourquoi ? Parce que la plupart des plantes cultivées dans les pays chauds n'existaient pas dans les pays à climat tempéré des colonisateurs. Dans le domaine de l'agriculture proprement dite, il a fallu partir de zéro, innover et identifier des techniques culturales originales. Ceci n'a pas été le cas pour l'élevage car le cheptel était connu et lorsqu'on a voulu développer les productions animales, on s'est contenté de reproduire en régions tropicales des systèmes de production qui avaient fait leur preuve dans des conditions entièrement différentes. On n'a pas obtenu les améliorations attendues parce qu'une trop grande importance a été donnée au transfert de technologie au dépens de la recherche menée localement. Une autre erreur a été l'accent mis sur la productivité plutôt que sur le rôle du bétail. Productivité est synonyme d'aliments chers et sophistiqués. La conséquence de la politique menée a été de remplacer l'importation de viande par l'importation d'aliments pour bétail et le gain en devises a été nul.

Enfin on n'a pas tenu compte des contraintes socio-économiques qui influencent l'acceptation des innovations par les populations concernées.

Il est donc nécessaire de concevoir de nouvelles stratégies d'élevage qui mettent en évidence les besoins et identifient les ressources locales disponibles et potentielles. Les modes d'élevage doivent alors s'adapter à ces besoins et à ces ressources. Il faut également tenir compte d'un nouvel élément à intégrer dans les systèmes d'élevage : c'est la nécessité pour les PVD de produire de l'énergie à partir de ressources locales renouvelables.

Des technologies appropriées existent déjà. Il s'agit souvent de perfectionner ces techniques simples et pratiques, comprises et appliquées par les éleveurs qui utilisent les plantes et les animaux de façon plus rationnelle. Ces systèmes sont basés sur l'élevage de bovins à fins multiples, sur l'élevage des veaux par allaitement restreint, sur la production combinée d'énergie et d'aliments à partir des plantes locales à grande capacité de transformation photosynthétique, sur l'utilisation d'un complément d'urée.

Le concept de base doit être de viser non pas l'optimum économique mais le maximum biologique. L'objectif n'est pas la production maximum par tête de bétail d'un seul produit, c'est la production la plus économique à l'unité de surface d'un ensemble de produits qui comprennent le lait, la viande, les peaux, les engrais organiques, sans oublier le travail de trait. Développons un certain nombre de ces considérations.

On prétend fréquemment que les pays en voie de développement ne connaîtraient pas de pénurie alimentaire s'ils parvenaient à rivaliser avec les taux de productivité agricole enregistrés dans le monde industrialisé. En termes de production par unité de terre, de travail et d'alimentation, il ne fait aucun doute qu'il y a des disparités considérables entre les rythmes de production de bétail des régions développées et en voie de développement du monde. Il est tout aussi vrai que les taux élevés de productivité animale enregistrés dans les pays industrialisés sont dus à une utilisation disproportionnée des ressources mondiales en particulier des combustibles fossiles, des ressources de la pêche maritime et des tourteaux riches en protéines.

Les pays en voie de développement sont de grands producteurs de tourteaux oléagineux mais ceux-ci sont consommés principalement par le bétail en Europe, où s'accroissent les montagnes de lait et de viande qui désespèrent le contribuable et ont pour effet de restreindre le marché des pays du Tiers Monde, dont les exportations sont nécessaires pour leur permettre de se procurer des devises étrangères pour payer -entre autres- leurs dettes. Ce qui est plus grave encore, c'est que les excédents deviennent des «dons» qui limitent encore plus les possibilités de développer des industries locales d'élevage du bétail dans les pays en développement.

Le défi auquel doivent faire face les planificateurs des pays en voie de développement est donc considérable : il s'agit de parvenir à élever le niveau de vie en utilisant de façon rationnelle les ressources nationales, en recourant le moins possible aux ressources provenant d'autres régions du monde.



Contraintes socio-économiques



Introduire des innovations techniques dans le secteur de la production de bétail au niveau des petits exploitants n'est pas une chose aisée. Sans une connaissance approtondie des tabous, religieux ou autres, des coutumes et de la sociologie des communautés villageoises, le chercheur a peu de chances d'édifier un système destiné à améliorer les méthodes traditionnelles. Les petits agriculteurs et les petits éleveurs, qui subsistent en exploitant la terre, doivent d'abord assurer l'approvisionnement alimentaire de leurs familles. Ensuite seulement peuvent-ils penser à améliorer la condition de leur bétail. Par conséquent, pour être couronnées de succès, les innovations techniques doivent être introduites dans un cadre qui tienne compte d'un certain nombre de considérations : il faut qu'il y ait un bénéfice immédiat dès l'application des innovations ; celles-ci doivent être relativement simples et ne pas contrarier les activités agricoles normales telles que la plantation et la récolte ; les risques doivent être minimes les innovations techniques ne doivent être aléatoires que si les bénéfices sont exceptionnellement élevés ; les innovations techniques ne doivent pas aller à l'encontre des pratiques religieuses ou autres activités culturelles.



Transfert de technologie et énergie



Le transfert de technologie depuis les pays industrialisés vers les pays en voie de développement a parfois donné de bons résultats à court terme pour la production de protéines animales, par exemple dans le cas de la création de régions de production de lait et d'entreprises d'élevage intensif de volaille aux abords des grandes villes. Cependant, à long, terme il entraîne une dépendance vis-à-vis des aliments importés. Les espèces indigènes et les ressources alimentaires locales ont été complètement négligées. C'est là une autre conséquence négative des technologies importées.

Enfin la hausse du prix des combustibles fossiles a mis en évidence la nécessité de faire des recherches sur les sources énergétiques alternatives, en particulier celles qui sont renouvelables. L'élevage offre des perspectives d'intégration intéressantes.



Alors... que faire ?



Il faut réorienter ces efforts et réaliser que les groupes à atteindre sont les plus pauvres des zones rurales, ces régions qui sont les principales productrices des produits de base de la nation. En les aidant on assurera l'approvisionnement en nourriture et on contribuera à enrayer l'exode rural.

De nouvelles technologies doivent être mises au point mais il est sans doute plus important de commencer par améliorer celles qui existent déjà.

Il faut encourager des systèmes de production de bétail à fins multiples. La production intensive de lait entre en concurrence au point de vue alimentaire avec les animaux monogastriques et les êtres humains. Il faut se rendre compte du rôle croissant des bêtes de trait et de la nécessité de rendre les animaux élevés pour la production de lait capables d'accomplir de telles, tâches. Pour produire ce bétail à finalité double, il faudra recourir à l'insémination d'animaux issus de races locales adaptées au climat dont la valeur pour la production de viande est reconnue, en utilisant la semence de taureaux de races exotiques qui ont fait leurs preuves sur le plan de la production laitière.

Il faut encourager l'allaitement restreint des jeunes animaux car le lait est un apport catalytique grâce auquel les ressources alimentaires de base sont utilisées de façon plus rentable.

Il faut encourager les cultures susceptibles de servir à la production d'énergie ainsi qu'à la production d'aliment pour bétail et favoriser les plantes tropicales hautement productrices sur le plan de la biomasse telles que la canne à sucre et les légumineuses. Ces cultures ont une double finalité. Le contenu des cellules végétales des tiges, surtout des sucres, et celui des cellules foliales, riches en protéines, conviennent parfaitement à l'alimentation, tandis que les hydrates de carbone des parois cellulaires sont mieux appropriées à la production de combustible.

Tout ceci conduit à des systèmes d'élevage intégrés qui optimalisent la productivité agricole globale à partir des ressources disponibles. Les résidus des récoltes, qui représentent la majeure partie de l'alimentation des ruminants dans de nombreux pays tropicaux et les pâtures naturelles durant la saison sèche ne contiennent pas suffisamment d'azote pour fournir l'ammoniaque nécessaire pour permettre aux microorganismes présents dans le rumen d'assurer convenablement la digestion. Dans ce cas, donner aux animaux ruminants de l'urée contribue à améliorer les rendements et accroît la capacité de survie en cas de sécheresse.

Il faut concentrer l'élevage sur les ruminants. L'élevage intensif de porcs et de volaille n'est rentable que quand les aliments à base céréales sont disponibles à un prix modéré. Les ruminants grâce à leur système digestif, peuvent se nourrir à partir d'aliments hydrocarbonés à haute teneur en fibre qui ne peuvent être utilisés par les animaux monogastriques et par les êtres humains. Enfin, il faut améliorer la communication entre chercheurs, enseignants, vulgarisateurs et éleveurs et faciliter les échanges au sein même des pays en voie de développement et favoriser ainsi l'autonomie des peuples et leur capacité de s'aider eux mêmes.

Le bétail joue un rôle fondamental dans la plupart des pays en voie de développement où il représente la principale source de revenu en espèces de beaucoup d'agriculteurs et de tous les groupes pastoraux. Cela justifie que l'on fasse preuve de modestie face aux résultats obtenus, d'humilité vis-à-vis des systèmes traditionnels, d'imagination, de volonté et de courage pour définir de nouvelles orientations à la politique de développement de l'élevage dans ces pays.
Si l'on compare les résultats obtenus au point de vue de l'amélioration des productions végétales et animales dans les pays en voie de développement (PVD), on constate que ceux-ci sont bien meilleurs dans le premier cas que dans le second....
 
Date 1986
2015-03-19T13:48:50Z
2015-03-19T13:48:50Z
 
Type News Item
 
Identifier CTA. 1986. Adapter l`elevage aux ressources disponibles. Spore 4. CTA, Wageningen, The Netherlands.
1011-0046
https://hdl.handle.net/10568/58582
 
Language fr
 
Relation Spore
 
Rights Open Access
 
Publisher Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Source Spore