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ADAPTER LA MÉCANISATION

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Title ADAPTER LA MÉCANISATION
 
Creator Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Description Le 57ème SIMA (Saison International de la Machine Agricole), qui s'est tenu à Paris du 9 au 16 mars 1986, regroupait autour d'un stand collectif réservé aux petits constructeurs habituellement absents du salon, les différentes firmes exportant vers les pays tropicaux, facilitant ainsi aux visiteurs une vue d'ensemble des machines exposées.

La diversité et le nombre des matériels rassemblés ne doivent cependant pas faire illusion, bien peu connaissent, en effet, une large diffusion en Afrique. Seuls les Matériels de culture attelée et les machines post-récolte enrégimenter- une progression notable et intéressent un nombre croissant d'agriculteurs, tandis que la motorisation qu'elle soit lourde ou légère ne touche qu'une part très faible des cultures.

Dans les pays de l'Afrique subsaharienne, la culture manuelle domine encore très largement : plus de 80 %

des terres restent cultivées à la main. Pourtant les tentatives de modernisation de cette agriculture ont été nombreuses, mais, copiées, sur les modèles européens, elles se sont révélées le plus souvent inadaptées aux sols et aux cultures de ces pays et plus encore aux conditions socio-économiques des agriculteurs. A l'heure actuelle, on en est, heureusement, revenu à des solutions plus proches des réalités paysannes. La culture attelée en est la base : elle apparaît, en effet, de plus en plus comme un préalable indispensable à tout développement de la motorisation individuelle tant recherchée.

La traction animale, qui n'est traditionnelle au sud du Sahara qu'en Ethiopie, ne concerne pour l'instant qu'environ 15 % des terres mises en culture. Elle s'étend actuellement dans les régions sahéliennes, particulièrement dans les zones de contact entre agriculteurs et éleveurs. A condition, toutefois, que la présence d'une culture commercialisée apporte aux paysans des revenus suffisants pour rentabiliser leurs investissements. Par contre, la culture attelée n'arrive pas à s'implanter dans les zones guinéennes où sévit la trypanosomiase et qui ne bénéficient donc pas d'une tradition d'élevage. Première étape du processus de mécanisation de l'agriculture, la culture attelée présente d'incontestables avantages qui suscitent un regain d'intérêt tant au niveau de la recherche que des politiques gouvernementales. Elle permet, en effet, un apprentissage progressif des techniques de travail du sol à l'aide d'un matériel simple facile à entretenir qui utilise, de plus, une énergie et des matériaux produits sur place. En favorisant une première extension des surfaces cultivées, qui atteignent alors 10 à 12 ha par exploitation, la culture attelée sécurise la production alimentaire des agriculteurs. De plus, ils tirent d'appréciables revenus de l'utilisation des bêtes de trait pour le transport et de la vente de ces animaux pour la boucherie.

L'essentiel des matériels de culture à traction animale reste axé sur le travail du sol, facteur le plus contraignant en culture manuelle. Ils étaient abondamment représentés au SIMA : houes, charrues, herses, cultivateurs, barres porte-outils et polyculteurs. On y trouvait aussi des semoirs, souvent couplés avec des épandeurs d'engrais. Cependant ces instruments sont de plus en plus souvent construits localement car ils nécessitent, pour être performants, d'être bien adaptés aux conditions de culture et aux animaux de trait (bovins, équins ou asins) de chaque région. Pourtant un seul constructeur africain, venu du Swaziland, était présent à ce salon, considérant, à juste titre, que les robustes matériels de culture attelée qu'il exposait, depuis longtemps utilisés par les agriculteurs de cette région, pouvaient intéresser d'autres pays africains.

La motorisation est encore fort loin de connaître la même expansion que la culture attelée, 1 % seulement des terres en bénéficie. Pour tenter d'accroître ce pourcentage, on est à la recherche de solutions techniques diversifiées qui puissent répondre aux besoins de chaque type de culture en fonction des ressources des exploitants. Des efforts ont ainsi été faits ces dernières années pour mettre au point des matériels spécifiques à ces pays. Mais, il est à noter que le très faible marché que représente ces engins motorisés, ne permet pas de les fabriquer sur place à des coûts intéressants ; s'ils sont parfois montés en Afrique, ils sont donc toujours fabriqués hors de ce continent.

Le premier stade de la motorisation est constitué par les motoculteurs, dont quelques modèles chinois étaient présentés au Salon, et par les porte-outils automoteurs où les instruments de travail sont situés entre les roues avant et arrière de l'appareil. Encore peu utilisés en Afrique, les motoculteurs ont surtout été introduits sur des cultures irriguées où ils n'ont pas rencontré de succès car il est difficile pour les agriculteurs d'intégrer en même temps la mécanisation et l'irrigation, techniques qui leur sont toutes deux étrangères. Ces petits engins, qui peuvent rendre d'utiles services, ont encore besoin d'être testés et techniquement simplifiés pour répondre aux contraintes de maintenance de ces pays. Ils conviendraient bien à des exploitations de taille réduite, en particulier légumières. Toutefois, leur faible puissance ne permet que des travaux limités.

Aussi est-ce vers une forme de motorisation dite 'intermédiaire', plus puissante que celle de ces petites machines mais plus faible que celle des tracteurs conventionnels, que chercheurs et constructeurs se sont surtout penchés depuis une quinzaine d'années. Ils ont ainsi mis au point des tracteurs de 20 à 30 CV, conçus pour les cultures tropicales, adaptés aux capacités techniques des agriculteurs (conduite et entretien) pas trop onéreux à l'achat. Les plus connus, en Afrique, sont le petit tracteur hydrostatique Tinkabi mis au point au Swaziland et le tracteur TE diffusé par les sociétés cotonnières en Afrique francophone. Ce dernier, présent au SIMA, est un tracteur simplifié (démarrage manuel, transmission par courroies...), constitué de sous-ensembles facilement démontables et remplaçables. Prévu au départ pour travailler dans les champs de coton, il a été adapté depuis à différentes cultures. Depuis la fin des années 70, 1500 tracteurs ont été livrés au Burkina-Faso, au Mali, au Cameroun et surtout en Côte-d'Ivoire (600 tracteurs). Cette diffusion concerne, pour l'instant, uniquement des zones cotonnières où la traction avait déjà amorcé la mécanisation des cultures et où les agriculteurs bénéficient d'un service de maintenance et d'un encadrement très suivi. L'introduction de ces petits tracteurs permet d'assurer à temps la mise en place des cultures sur des superficies plus étendues. Après quelques années, les paysans qui ont pu s'équiper en matériel d'entretien des cultures, grâce à une hausse globale de leurs revenus, pratiquent un début d'intensification. Cependant c'est encore l'utilisation d'engrais et de variétés sélectionnées et non l'introduction de nouvelles pratiques culturales qui demeure le facteur prépondérant de cette intensification. L'expérience acquise montre qu'il faut 18 à 20 ha au minimum, pour rentabiliser un tracteur, alors qu'à peine 1 à 3 % des exploitations individuelles en Afrique de l'Ouest atteignent cette superficie. Les groupements villageois, dans la mesure où leur viabilité pourrait être assurée, constitueraient un moyen d'accès à ce facteur d'intensification. Par ailleurs dans les zones guinéennes, sans culture attelée, le saut technologique et financier qu'exige l'utilisation de ces tracteurs semble difficile à franchir.

Le renouveau de la culture attelée et le développement de la motorisation intermédiaire ont été, en partie, provoqués par les innombrables échecs de la motorisation lourde. En effet, dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le tracteur, symbole de puissance et de modernisme était tout à l'honneur.

Que ce soit en Guinée où les tracteurs expédiés de Roumanie n'ont jamais pu servir, au Ghana, à Madagascar, ou, à une moindre échelle, dans presque tous les pays d'Afrique, des milliers de tracteurs importés à grands frais achèvent de rouiller, monstres devenus dérisoires, reflets d'une époque désormais révolue.

Sur les 25 millions de tracteurs actuellement en service dans le monde, la FAO en recense 150.000 en Afrique sub-saharienne dont une grande partie est inutilisable. Trop coûteux à l'achat, trop dispendieux en énergie, de maintenance trop difficile, ces tracteurs de grosse puissance sont hors de portée des agriculteurs et la trop courte saison des pluies rend difficile leur utilisation collective par de nombreux exploitants. Enfin la suppression de toute végétation naturelle sur de grandes superficies qu'exige le travail de ces tracteurs met souvent à mal les sols fragiles africains vite emportés par l'érosion. Aussi très rares sont les cas où les agriculteurs eux-mêmes possèdent et font fonctionner ces tracteurs conventionnels sur les hautes terres d'Afrique de l'Est où ils avaient été introduits de longue date par les Européens avant d'être repris par les cultivateurs locaux, dans quelques régions de sols lourds qui sont incultivables à la main et répondent bien à l'intensification (plaines rizicoles inondées ou irriguées, savanes du Soudan) ainsi que dans certaines plantations importantes de Côte d'Ivoire où sont cultivés café, cacao ou bananes. L'essentiel de ces tracteurs sont la propriété de sociétés agro-industrielles, les seules à même d'en assurer la charge financière, la maintenance et un usage véritablement rentable.

Désormais conscients de ces problèmes, organismes de coopération et gouvernements africains n'ont plus comme objectif, en règle générale, la 'tractorisation' lourde, à tout prix, préférant en laisser l'initiative aux privés qui en ont les moyens.

L'essentiel des recherches sur les matériels tropicaux a porté jusqu'à présent sur le travail du sol -premier verrou à lever- les récoltes, quant à elles, restant manuelles. Mais si l'on veut étendre l'usage des tracteurs, il est nécessaire de mettre au point aussi des matériels de récolte. En effet, si la mécanisation permet d'étendre les surfaces plantées sans travail supplémentaire, leur récolte à la main nécessite une main d'œuvre importante qu'il n'est pas toujours possible de trouver dans ces régions où l'exode vers les villes est de plus en plus important. Le goulot d'étranglement de l'agriculture tend alors à se déplacer au fur et à mesure de l'équipement des paysans, du travail du sol à l'entretien des cultures puis à la récolte. De plus, dans certains cas, comme celui du riz, une récolte rapide peut permettre de mettre en place un second cycle de culture. En culture attelée, faute de puissance, il n'existe pratiquement pas de matériel de récolte .Quelques machines motorisées de niveau intermédiaire font leur apparition. On a ainsi remarqué au SIMA le stripper à riz, mis au point par le C.E.E.M.A.T (Centre d'Etudes et d'Expérimentation du Machinisme Agricole Tropical, Paris France) qui égrène le riz sur pied en laissant la paille sur le champ. Il permet d'effectuer récolte et battage en une seule opération. Cette machine d'une puissance de 6 à 8 cv a été conçue pour de petites rizières. Testée au Sénégal et au Cameroun, elle va être fabriquée en série prochainement. Plus puissante et plus conventionnelle, la moissonneuse batteuse B 2200 Belin, qui a reçu cette année la médaille d'argent du SIMA, est spécialement étudiée pour les régions tropicales et peut récolter différentes variétés de céréales et de graminées. Son prix élevé la réserve à de grandes plantations. Contrairement à la motorisation des travaux du sol, qui reste encore très faible et qui demande pour réussir une bonne organisation du crédit et une sécurité des prix agricoles, la motorisation des travaux post-récolte gagne rapidement du terrain sans nécessiter la mise en place de projets de développement globaux. L'utilisation collective de ces machines à poste fixe, qui n'est pas soumise à des contraintes de temps comme les travaux culturaux, permet leur achat par un groupe d'agriculteurs et souvent de femmes, un village ou une coopérative, sans exiger un investissement trop lourd pour chacun. Réduisant considérablement la durée et la pénibilité du travail, elles apparaissent ainsi rapidement rentables à chacun.

Aussi face à ce marché en expansion, les constructeurs s'efforcentils de diversifier les équipements proposés afin de motoriser toutes les opérations qui vont de la récolte à la production d'aliments. Bien sûr, il existe depuis longtemps des modèles variés de moulins et broyeurs, depuis le petit moulin à céréales manuel jusqu'au gros broyeur à marteaux permettant la mouture du maïs comme du manioc. Présents au SIMA, ces appareils sont ceux qui se vendent le mieux. Mais batteuses, égreneuses et décortiqueuses se multiplient à leur tour, plusieurs appareils récents étaient exposés au SIMA. Ainsi les batteuses d'Eco mat qui, selon les versions, permettent de battre le riz ou les arachides ; l'égreneuse Bamba, vendue dans les pays d'Afrique francophone, qui peut-être utilisée aussi bien pour le mil et le sorgho que pour le niébé, le maïs ou le riz. D'autres machines destinées aux zones forestières sont plus spécifiquement conçues pour le maïs. Plusieurs constructeurs achèvent de mettre au point des décortiqueuses, spécialement pour le riz, qui sont en passe d'être commercialisées. Ce secteur, dont la vitalité ne fait pas de doute, touche aussi bien les campagnes que les villes. Pour faire consommer aux populations urbaines les productions agricoles locales, il faut en effet en réduire les temps de transformation, l'usage de matériel motorisé est alors indispensable.

Actuellement, la mécanisation et la motorisation de l'agriculture semblent un des facteurs indispensables pour accroître la production agricole des pays africains qui doivent nourrir une population, notamment urbaine, en fort accroissement. Toutefois, les solutions proposées doivent prendre en compte, outre les aspects purement techniques, l'environnement économique et social, spécifique à chaque région car il détermine, bien souvent, la réussite ou l'échec des programmes et projets de modernisation de l'agriculture de ces pays.



BIBLIOGRAPHIE

C.E.E.M.A.T. - Manuel de motorisation des cultures tropicales - 1974 - 2 tomes - 120 FF.

C.E.E.M.A.T. - Maintenance du matériel agricole tropical - 1977 réédition 1984 - 35 FF.

Collection 'Techniques rurales en Afrique' - Ministère de la Coopération et du Développement'. Ouvrages disponibles par correspondance à la Documentation Francaise : 124 rue Henri Barbusse -93308 AUBÉRVILLIERS CEDEX. Machinisme Agricole Tropical - Revue

trimestrielle du C.E.E.M.A.T. - 1 an 142 FF pour l'étranger -

C.E.E.M.A.T - Rédaction - abonnement - Parc de Tourvoie 92160 ANTONY - FRANCE.
Le 57ème SIMA (Saison International de la Machine Agricole), qui s'est tenu à Paris du 9 au 16 mars 1986, regroupait autour d'un stand collectif réservé aux petits constructeurs habituellement absents du salon, les différentes firmes exportant...
 
Date 1986
2015-03-19T13:48:47Z
2015-03-19T13:48:47Z
 
Type News Item
 
Identifier CTA. 1986. ADAPTER LA MÉCANISATION. Spore 3. CTA, Wageningen, The Netherlands.
1011-0046
https://hdl.handle.net/10568/58548
 
Language fr
 
Relation Spore
 
Rights Open Access
 
Publisher Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Source Spore