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La vulgarisation à l’école des gens

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Title La vulgarisation à l’école des gens
 
Creator Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Description Beaucoup d’agriculteurs sont confrontés à des problèmes de sécurité alimentaire, de terre, de revenus monétaires et, parfois, de compréhension des politiques agricoles de leur pays. Ce sont ces agriculteurs-là que les vulgarisateurs sont amenés à rencontrer de plus en plus. Mais s’ils détiennent des connaissances qu’ils ne peuvent transférer, leurs actions sont inefficaces. Pendant longtemps, il y a eu dans les pays ACP des programmes de vulgarisation et de formation inadaptés aux besoins et aux contraintes des paysans. Aujourd’hui, les techniciens formateurs et vulgarisateurs disposent d’une palette de techniques variées pour communiquer des informations et conseiller au lieu de faire passer un message coûte que coûte.

'Un paysan bien formé, conscient de ses droits et de ses devoirs, capable de dégager des priorités, capable de contrôler, de demander des comptes, de participer activement à la dynamique associative pour le développement, ce paysan est le meilleur garant du changement.' Ainsi écrit Famara Diédhiou dans son ouvrage intitulé Mouvement paysan sénégalais, les sentiers du futur. On l’aura compris : pour l’ancien président de la Fédération des ONG sénégalaises comme pour nombre d’observateurs, la formation au sens large et les actions de vulgarisation agricole doivent être aujourd’hui ascendantes, autrement dit partir des besoins des paysans.

Depuis quelques années, les actions de vulgarisation agricole visent le renforcement de méthodes participatives impliquant les ruraux. Introduites à grande échelle par des donateurs, des ONG et des organisations d’assistance technique et par des initiatives comme le Programme FAO de développement des petites exploitations, ces approches s’accompagnent de stratégies diverses : par exemple, l’organisation de groupes actifs d’agriculteurs, l’application de techniques de vulgarisation intravillageoise, la validation et la mise à l’essai, de concert avec les agriculteurs, du contenu technique de la vulgarisation. Dans la foulée de ces approches, des méthodes de vulgarisation ont été élaborées. La méthode RAAKS, par exemple, développée par l’université de Wageningen (Pays-Bas), préconise un système d’acquisition progressive des connaissances fondé sur une démarche systémique.



La privatisation des services de vulgarisation



À la faveur des politiques d’ajustement structurel, le secteur privé intervient de façon croissante dans la fourniture de services de vulgarisation. Mais il est rare que les paysans pauvres, les ménages à charge d’une femme, les agricultrices, les jeunes ruraux sans expérience ou sans terre aient les capitaux ou le crédit nécessaires pour payer ces services. C’est pourtant ce groupe qui a le plus besoin de conseils et d’appui. C’est auprès de ces paysans et paysannes, qui occupent en Afrique (par exemple) 65 % des terres cultivables, que les actions de vulgarisation doivent être développées avec des méthodes d’accompagnement adaptées.



De la participation à l’action : une pédagogie interactive



Il n’existe pas de méthodes ou d’outils universels qui puissent s’appliquer à la diversité des situations que rencontre un vulgarisateur. À défaut de recettes miracles, un état d’esprit, valable quelles que soient les contingences, devrait sous-tendre son action : un paysan n’est pas un simple consommateur d’information ou de formation, mais un agent actif construisant sur son territoire une recherche-action. 'Il ne s’agit pas d’inculquer un message, mais d’organiser un processus de réflexion et de faire en sorte de placer les ‘bénéficiaires’ de la vulgarisation en situation de se l’approprier et de maîtriser leurs responsabilités, assure Jacques Mercoiret, sociologue au CIEPAC (France).

Nombre d’agences de vulgarisation prônent donc une méthodologie fondée sur la connaissance de l’autre, l’écoute, la valorisation des savoirs plutôt que sur des messages prédigérés qui risquent de n’être pas compris. Associer les villageois aux observations dans leurs champs, à la restitution des diagnostics, faire progresser la pensée et l’imagination collective, tels sont les grands principes qui, dans l’idéal, devraient gouverner toute action de vulgarisation. Ils relèvent

de ce qu’on appelle une 'pédagogie interactive favorisant l’inventivité collective, incitant les personnes à s’exprimer sur leur situation, à l’analyser, à chercher des solutions à leurs problèmes puis à passer à l’acte.

Cela ne va pas sans respecter des étapes; la formation nécessite le temps de la compréhension et celui de l’expérimentation. Cela ne va pas non plus sans une préparation minutieuse des outils de sensibilisation pratiques. Rien ne s’improvise.

Le diagnostic, l’analyse d’une situation, les solutions proposées et leur expérimentation se commentent, mais ils s’illustrent aussi à l’aide de transparents, d’affichettes, de vidéos, de diapositives et, moins classiquement, par le biais du jeu et de la mise en scène (voir encadrés). Ces 'illustrations doivent, pour être pertinentes, s’ancrer dans le contexte paysan et dans ses réalités. Ainsi peut-on puiser dans la culture locale ou dans des adages connus de tous pour susciter un processus de réflexion et instaurer un climat de dialogue. Les médias disponibles sur place (presse, radio, livrets) servent également de support à une réflexion diversifiée et permettent aux paysans d’exprimer leurs préoccupations. Le vulgarisateur dispose ainsi d’une palette d’outils qu’il décline en fonction de son public. L’essentiel réside dans sa volonté de créer un consensus afin que les changements afférents au développement soient voulus, de décrypter les priorités pour arriver à ce que l’offre technique s’opère au bon moment. Crie-t-on jamais 'à table! quand tout le monde est au champ?



Pour en savoir plus :

Une pédagogie interactive pour l’animation

de groupes. Du Sud vers le Nord,

Éditions Karthala, 1998, 184 pages,

ISBN 286-537-812-8, 130 FF/19, 81 h.



Manuel de communication pour le développement. Module de formation élaboré et testé dans le cadre du CESPA (Centre multimédia de communication pour le développement).



École aux champs, Hugues Dupriez,

Éditions Terres et Vie, 1999

(voir page 'publications').



Voir aussi :

L’appui aux producteurs ruraux, Éditions Karthala/Ministère de la Coopération, 1994,

464 pages, ISBN 2-86537-520-X, 180 FF/27, 43 h.

Options de vulgarisation agricole, J. Moris, CTA, 1994, 214 pages, ISBN 92-9081-120-X, n° CTA 593, 20 unités de crédit.



La reconnaissance du savoir rural, coédition Karthala/CTA

(voir Spore n° 84, page 'publications').
Beaucoup d’agriculteurs sont confrontés à des problèmes de sécurité alimentaire, de terre, de revenus monétaires et, parfois, de compréhension des politiques agricoles de leur pays. Ce sont ces agriculteurs-là que les vulgarisateurs sont...
 
Date 2000
2015-03-26T12:09:28Z
2015-03-26T12:09:28Z
 
Type News Item
 
Identifier CTA. 2000. La vulgarisation à l?école des gens. Spore 85. CTA, Wageningen, The Netherlands.
1011-0046
https://hdl.handle.net/10568/62150
https://hdl.handle.net/10568/99658
 
Language fr
 
Relation Spore;85
 
Rights Open Access
 
Publisher Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
 
Source Spore